ELSA GURRIERI PEINTRE: PETIT FORMAT

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Je ne sais jamais à l'avance ce qui surgira sous mon pinceau. J'entre en peinture

comme on entre dans une transe intérieure, avec ce sentiment délicieux de me

fondre dans la toile, de m'absenter du monde – d'être à la fois partout et nulle part. Ces sensations m'habitent lorsque je peins. Mes obsessions me hantent, et c'est dans un second temps que je découvre à quel point elles imprègnent mon travail. Ma recherche picturale s'ancre dans l'exploration du concept de "commencement", d'un retour à un état primordial, à une terre qui existait avant toute intervention humaine ou animale. Je suis fascinée par l'innocence originelle de la nature, cherchant à me rapprocher du rêve d'un monde vierge, où le vent et le souffle des étoiles sont les seules manifestations du vivant. À travers mes créations, j'évoque une terre sauvage, un espace où l'absence de présence humaine permet une contemplation des forces naturelles. J'éprouve le besoin, voire la nécessité, de me rapprocher de l'idée d'une nature non altérée, où chaque élément raconte une histoire ancienne et intemporelle. Le silence et la lumière sont mes terres fertiles, où tout se révèle et se prépare à une possible métamorphose.

Je suis également fascinée par les petits formats, qui, pour moi, contiennent quelque chose de profondément intime et intense. Il y a une essence infiniment secrète concentrée dans ces œuvres, presque comme des talismans. Ils portent en eux quelque chose de plus grand que leur format initial.

Bien sûr les plus grands formats parfois s'imposent, ils engagent le corps, le mouvement, une autre respiration et le déplacement dans l'espace. Ils appellent à une dimension presque plus sonore, où les gestes sont plus larges, fébriles, déterminés et la perception des textures évoque en moi une sorte de cri, une

voix/e qui s'ouvre. Les paysages que je peins ne sont pas de simples représentations; ils sont le témoin de notre destinée/expérience humaine.

Je considère la lumière comme une naissance, une présence du vivant, et j'aime l'idée que la terre fait partie de nous. Je me reconnais dans la phrase

« Je suis paysage », qui évoque ce lien sacré,

comme celui de « ceci est mon corps ». Je trouve cela profondément significatif, bien que je peine à le verbaliser sans me perdre en route.

« Les montagnes, les collines et les nuages ne sont-ils pas une partie de moi-même et de mon âme, comme je fais moi-même partie d’eux ? » Lord Byron

Cette pensée résonne particulièrement en moi et illustre mon rapport à la nature, au vivant et à ce vaste mystère qu’est la vie, qu’elle soit de chair, terrestre , cosmique.

C'est une sorte d'hommage à la simplicité et à la puissance de la nature, un rappel de l'importance de préserver cette relation sacrée.

Elsa Gurrieri